présentation

Roussel : Le plus célèbre des non-lus.
"Le plus grand magnétiseur des temps modernes" André Breton
C'est en 1992, sur les conseils d'une très bonne amie et collaboratrice que je "rencontrais" pour la première fois Raymond Roussel et son oeuvre d'exception. Je me suis trouvé tout de suite fasciné par cet univers si singulier, et après la lecture de Locus Solus j'enrichissais cette découverte en appréhendant d'autres oeuvres - toutes aussi uniques - de Raymond Roussel. Parallèlement je devinais au travers des nombreux écrits et études dont il a fait l'objet, des recherches que son travail a pu stimuler chez ses confrères, combien l'intérêt que lui portaient les initiés était sans borne.
Depuis, l'idée d'un projet chorégraphique autour de l'oeuvre de Raymond Roussel ne m'a jamais quitté. Mais je ne voulais rien précipiter. Je devais attendre d'être prêt pour approcher ce "continent noir" sans lui manquer de respect. Il me fallait en outre posséder les arguments chorégraphiques et l'équipe artistique adéquate. Avec les danseurs de la compagnie, j'ai travaillé autour de différents aspects de l'oeuvre en question :
- la mise en abîme (constante dans toute l'oeuvre de Roussel)
- la métamorphose et le recyclage comme procédés de déconstruction et de déformation du sens (Impressions d'Afrique concentrant une large part de cette problématique).

Dans la première séquence Le club des incomparables (en référence à Impressions d'Afrique), c'est dans la dynamique de l'imaginaire exalté de Raymond Roussel que j'ai souhaité immerger mon travail. Soutenue par la création musicale électronique de BOSCO, une mécanique absurde et burlesque entraîne la danse dans une suite d'images aux rythmes malmenés, partagés entre accélérations et ralentissements, temps élastique et accidenté.
Avec Les jardins de Behuliphruen (toujours en référence à Impressions d'Afrique), c'est une autre dimension que j'ai voulu appréhender, celle plus abstraite de la mise en abîme. Elle est à mettre en parallèle avec la seule révélation faite par Raymond Roussel (dans l'ouvrage posthume "Comment j'ai écrit certain de mes livres") au sujet de son procédé d'écriture. Méthode certes révélée, mais qui ne fait que compliquer le questionnement à ce sujet. Car si un procédé existe bel et bien, sa révélation ne pourrait être chez Roussel qu'une dissimulation inversée, créée pour masquer toutes les autres méthodes employées par l'auteur. La déconstruction et reconstruction de la matière chorégraphique, sa mise en abîme perpétuelle, suivent une méthode parallèle de celle de Raymond Roussel, qui recherche l'anéantissement de la forme par elle-même en multipliant les cycles à l'intérieur d'un cycle qui lui-même englobe la série. Sur ce même principe, Jérôme Charles a composé une chanson avec limitations de notes, une valse en boucle au rythme hésitant sur un texte improvisé dans un faux dialecte africain.
Dernières Impressions tente d'approcher les revers qu'a subi l'oeuvre et l'homme au cours de leur existence, et en particulier celui (dont le caractère est universel) que constitue la disparition accidentelle* de Raymond Roussel à Palerme en 1933 à l'Hôtel des Palmes. La nature de son génie qui l'a conduit simultanément à la délivrance et à la perdition, va trouver dans cette disparition une perspective en miroir, une dernière mise en abîme possible, absolue, irréversible. Habitée par le cirque mélancolique et spasmodique de La création du monde de Darius Milhaud, cette séquence développe le principe de l'improvisation. Ultime liberté, ultime tentative de joindre un idéal.
 
Le masque, thématique récurrente dans l'oeuvre de Roussel avec le double, met en valeur l'ambiguïté du réel face au virtuel. Décliné tout au long de la pièce, il est recyclé pour chaque volet. Quant à la scénographie, elle suggère elle aussi une perspective mouvante autour de la mise en abîme. En cela, elle est soutenue par un système d'éclairage qui fonctionne de façon parallèle. Lionel Hoche

* En réalité, les conditions de la mort de Raymond Roussel n'ont jamais été définitivement élucidées

presse

Les Saisons de la Danse

Tendance intelligent... "Le plus grand magnétiseur des temps modernes écrivait André Breton à propos de Raymond Roussel. Normal que Lionel Hoche, curieux de nature, soit tombé sous le charme de cet écrivain français admiré des surréalistes et considéré par beaucoup comme un précurseur. Mais ce n'est pas la peine de connaître son oeuvre pour apprécier la nouvelle pièce du chorégraphe installé à Saint-Etienne depuis 1998, intitulée justement Enroussellements. On y retrouve les ingrédients qui composent dorénavant les pièces du chorégraphe. Une attention toute particulière est portée à la scénographie, très graphique et plastique qui joue sur les transparences et les formes géométriques, réalisée par Lionel Hoche lui-même. Le même soin est apporté aux lumières concoctées par Mikki Kunttu qui travaille pour la première fois avec la compagnie. Tout cela participe d'un ensemble qui peut être taxé d'esthétisant mais qui garde sa cohérence grâce à une gestuelle qui ne l'est pas particulièrement. Le mouvement est ample et déstructuré, virtuose et beau. Il y a de la poésie et de l'humour, de la noirceur (les costumes qui tirent sur le sombre) et de la blancheur (les formes géométriques du décor), des corps qui dansent et qui vibrent. On retrouve cette intelligence dans le choix de la bande-son, détonnant mélange de french touch techno, de pseudo-valse et de musique classique mélancolique (Darius Milhaud)... un beau spectacle avec des interprètes formidables et une qualité de geste remarquable."
Gallia Valette-Pilenko, avril 2000

Agenda Stéphanois

Enroussellements... "Lionel Hoche, qui, faut-il le rappeler, est pour quelque temps en résidence à l'Esplanade, est un chorégraphe dont on pourrait dire : "vivement le prochain spectacle"... Ici pas de format, pas de gabarit, seule la créativité, l'originalité, le rythme, la liberté et la grâce des danseurs.
...Que dire d'autre sans risquer de trop compliquer la modeste présence de Hoche pendant les applaudissements si ce n'est un regret, la trop courte diffusion de son spectacle. Trois diffusions valent mieux qu'une, certes, mais une ou deux de plus auraient peut-être permis à d'autres de découvrir qu'à Saint-Etienne, il y a du talent."
le 01 mars 2000

Danse Conservatoire

Le tryptique de Saint-Etienne..."Voilà une oeuvre passionnante, foisonnante d'idées de toutes sortes, de trouvailles toutes ludiques, plaisantes, belles, ingénieuses et dynamiques."
Michel Odin, mars 2000

Culture Loire

Hochellements... "Un spectacle qui n'impose rien au spectateur, pas même d'avoir lu Roussel, l'inspirateur du chorégraphe.... La compagnie MéMé BaNjO m'a offert un spectacle accueillant, où je pouvais me faire une place à ma convenance, cueillant dans sa poésie les vers qui me disaient ce que je voulais bien qu'ils me disent. L'humour en plus. Portés par une musique mêlant joyeusement mélodies africaines, rythmes techno, valse loufoque, et l'apothéose de La création du Monde de Milhaud."
Dominique Bardel, le 23 février 2000

René Sirvin, Le Figaro

Abstraction masqué... "Dans un très lumineux décor de légères toiles blanches, six danseurs attire l'attention ...
L'écriture d' "Enroussellements" est tout en enroulements et sinuosités selon l'habitude du chorégraphe, et les souples interprètes tournent et glissent en chaussettes plus souvent assis ou allongés par terre que debout. On remarque le trio virtuose de Joke Martin, Guillaume Cuvilliez et David Drouard, jouant de leurs chapeaux melons... ; puis, un étrange tableau surréaliste où deux danseuses (Leïla Pasquier et Angélique Willkie) placent devant leurs visages de grandes loupes déformantes qui leur donnent des têtes de géantes monstrueuses. On admire encore un double duo de danseurs complètement enchevêtrés les uns dans les autres au sol..."
René Sirvin, le 12 février 2000

La Tribune Le Progrès

Abracadabra !... "En écho à la créativité délirante de Roussel, Lionel Hoche fait des clins d'oeil humoristiques et poétiques (), en trois temps d'une pièce "à tiroirs", ouvrant à volonté les portes de l'imaginaire.
Construisant puis déconstruisant la matière chorégraphique, Lionel Hoche ordonne le chaos, son ingénieuse scénographie mettant en valeur les évolutions de la danse sur des figures géométriques réfléchies par panneaux amovibles. L'art s'imbrique dans l'art, les cycles se multiplient dans un cycle..."
Claudie Léger, le 11 février 2000

Libération

· La métamorphose de Lionel Hoche..."Mine de rien, le chorégraphe Lionel Hoche, désormais implanté à Saint-Etienne, est certainement l'un des chorégraphes français les plus demandés dans les grandes compagnies internationales (du Nederlands Dans Theater aux Ballets de Monte-Carlo, en passant par celui de l'Opéra de Lyon ). Son parcours est riche de sa formation à l'Opéra de Paris, de son passage en tant qu'interprète dans la compagnie de Jiri Kylian, enfin de son expérience contemporaine auprès de Daniel Larrieu."
S.L., le 10 février 2000

La Montagne

Lionel Hoche connaît ses classiques et peut jouer sur les mots... "Une chorégraphie kaléidoscopique dont les rimes, obsessions et fascinations réinventent si bien Roussel sans le plagier, que l'on se laisse bercer par cette étrange rêverie sans objet, sans projet défini (trompeuse apparence!), mais si pleine d'images insaisissables, d'apparitions, de trompe-l'oeil, que l'on se laisse prendre au jeu. Avec un délice complice, un délire compris. Ces "Enroussellements" s'emboîtent et se confondent en de savants ensorcellements."
R.D., le 26 janvier 2000

extraits/photos

distribution

Chorégraphie et scénographie: Lionel Hoche
Danseurs : Guillaume Cuvilliez, David Drouard, Emmanuel Le Floch, Joke Martin, Leïla Pasquier, Angélique Willkie (danse & chant)
Musiques originales de Bosco et Jérôme Charles.
Musiques de Darius Milhaud & Erik Satie.
Lumières : Mikki Kunttu - Costumes : Melody McDonald