présentation

lundijeudi est une revue existentielle dont Lionel Hoche est le corps à partir duquel s'animent une galerie privée de personnages et des scènes de la vie chorégraphique, sur une période couvrant plus de 35 années, de 1978 à 2014. Dans ces années d'écarts, il est question d'amnésies créatives comme de faux vraisemblables, d'allées et venues irrésistibles qui fabriquent de l'intrigue entre pseudo réel et imaginaire probable.
Lionel Hoche, chorégraphe et interprète de ce solo, est ici un témoin, un medium. Il convoque le souvenir de figures du milieu chorégraphique croisées au fil de son parcours, posant la question de ce qu'est durer dans sa profession, sa passion.
lundijeudi
interroge ainsi le caractère éphémère de la vie du danseur, à travers les questions  de temporalité, de cheminement et de productions.Des propos tenus par des personnalités proches du champ chorégraphique sont diffusés ponctuellement et contribuent à dresser en creux le portrait d'une profession. Il s'agit parfois aussi d'entendre la voix du pouvoir, la sévérité inhérente au commentaire qui sourd même dans la vacance et l'anecdote : ce qu'est sévir.
Tel un Rubik's Cube organique, lundijeudi met en mouvement des tableaux coulissants aux réapparitions aléatoires, enchaînant numéros de music-hall, confessions, récits d'expérience et transformations.



Ce « complexe biographique rapporté » est une construction regorgeante au service d'un portrait arcimboldesque. Lionel Hoche devient une figure fractale élaborée à partir de paroles et d'artifices s'amusant de ne plus savoir sur quel pied danser.



Figure implique face. Quel(s) visage(s) lui prêter? Comment dresser, tresser un autoportrait indirect tout en croquant un milieu et en esquissant le mouvement d'une époque.

presse

TheArtChemist.com

"Personne ne sait ce que j'étais, non personne ne sait ce que j'ai fait. Personne ne sait mon imparfait. J'ai tout oublié". Sur les paroles de la méconnue chanson des Rita Mitsouko "Amnésie", extraite de leur premier album éponyme, se clôt lundijeudi, solo chorégraphié et interprété par Lionel Hoche. Une chanson sur l'oubli et la méconnaissance...
Sur le mode du Je me souviens, il passe en revue les trente dernières années de sa riche carrière artistique. On y croise pêle-mêle Claude Bessy, tyran que les Petits Rats aiment (ou détestent) vénérer - au choix  Jiri Kylian et Willam Forsythe, Daniel Larrieu... Une histoire de la danse, forcément incomplète et subjective, est à l'oeuvre dans ce lundijeudi, petite semaine tronquée comme l'est cette histoire parcellaire, personnelle et achronique, sautant de 1997 (création de Volubilis, où l'équipe se motivait au son du technoïde "King of My Castle" de Wamdue Project) pour revenir à l'école de l'Opéra Garnier en 1978 et enfin nous plonger en 1987.
A la manière dont il déplace (éjecte, fait corps) les objets qui occupent la scène (chaises, pupitre, pieds de micros, valises et chaussures...), Lionel Hoche picore de ci-de là dans sa bio pour dresser un pertinent et touchant portrait d'artiste. Il propose par là-même, en filigrane, un état des lieux sans concession de la profession. Audition, production, diffusion, communication, ovation... tous les -tion qui gravitent autour de cette sacro-sainte Création. Lionel Hoche nous invite ainsi dans les coulisses de son métier. On y apprend la chance d'être artiste-résident d'un lieu "bien doté" financièrement (en l'occurrence l'Opéra de Saint-Etienne) tout en s'affolant du cahier des charges inhérent et "chargé" du chorégraphe, accablé par les missions ("je ne suis que projet"). On devine aussi le léger snobisme du milieu (jaugeant tel accueil-résidence à l'aune de sa situation géographique, notamment.). Tout un univers, toute une mentalité s'exposent sous nos yeux.
Oeuvre totale, lundijeudi est une revue existentielle. Revue dans le sens où l'on y danse, chante, joue. Et à ce jeu là Lionel Hoche assure : joli brin de voix, jeu parfait (on goûte cette audition foireuse, où chorégraphe vieillissant et conscient que ses variations 90's datent un peu, Lionel Hoche en profite pour tacler, lors de la reprise de rôle, une nouvelle génération de danseur pour la moins dilettante). Tears for Fears, A Chorus Line, Propellerheads... côté son, lundijeudi envoie du lourd. Tout comme les costumes, nombreux et délirants (à la manière de sa dernière création, jeune public, M.M.O actuellement en tournée), aussi nombreux que ces paires de chaussures qui jonchent le sol de la scène et résument à elles seules tous ces rôles qu'on enfile durant une carrière de danseur. Toutes ces histoires que l'on vit.
Non décidément Lionel Hoche n'a rien oublié de son passé, de son imparfait. Avec talent et énergie il nous le fait partager. Et c'est un pur bonheur! Et plus si affinités.
Dieter Loquen, 2 décembre 2015

JustFocus.fr

Trois jours durant et seul en scène, Lionel Hoche présente une production lumineuse avec Youness Anzane à la dramaturgie qui figure un parcours chorégraphique personnel et ajusté avec tranches de vie et rythme enragé.
Du rythme avant tout. Visuellement et rythmiquement, le spectacle est criblé de pulsations qui vous percutent gaiement une heure durant. Question costumes, la mesure est à trouver ailleurs, et c'est tant mieux! L'extravagence soone juste dans lundijeudi. "Pseido réel" et "imaginaire probable" font appel à une variété bienvenue pour flater les contorsions de Lionel Hoche. Il convulse, rampe, trébuche, secoue les fillins d'une fourrure, se juche sur une pointe et l'on applaudit. Pieusement.
Notons par ailleurs l'utilisation des micros : deux micros classiques pendus à des fils, un troisième à la bouche du danseur. Ce dernier capture les bruits de respiration et l'impression de vivre l'effort chorégraphique devient prégnante. On accompagne la fulgurance corporelle de Lionel Hoche et le champ de l'expérience est total : musique forte, enregistrements, commentaires du danseur, sons des mouvements sur la scène, inspirations et expirations d'effort. De vocalise en vocalise, de l'impulsion physique à l'impulsion auditive. Chorégraphiquement et à l'oreille, c'est jubilatoire.
Somnolence et fulgurances. Les portions du spectacle sont séparées par des jeux de somnolences. Le scéma est le suivant: Hoche virevolte, s'assied, s'endort, puis repart vers un nouvel épisode. La rapidité des enchaînements présente une diègése entreecoupée qui rejoint une harmonie de ton, de rythme et d'éfficacité. Ce Rubik's cibe organique fait se succéder les tranches de vie et les notes sonores d'artistes du monde chorégraphique dans un cheminement mémoriel discontinu, mais que l'on suit avec plaisir et envie.
Dans le spectacle Lundijeudi, l'humour répond  à la frénésie de mouvements, elle-même aidée par une musique tonitruante. Les commentaires sonores du danseur sont drôles, et complètent la réception d'une performance brute, et diablement divertissante.
Lionel Hoche, fructueux phénomèe chorégraphique.

Danser Canal Historique

La surprise du chef arrive comme sur un plateau. Lionel Hoche revisite son parcours de danseur et de chorégraphe à travers des éclats de souvenirs et de genres. Des cours à l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris à l'incendie de l'Opéra de Saint-Etienne, quelques jours après l'entrée en résidence de sa compagnie en 1998. Mais il commence en évoquant les failles de son corps d'aujourd'hui, pour dévoiler petit à petit ses trésors cachés.
Eclats de souvenirs, éclats de voix, éclats de couleurs (les chaussures et les costumes, plus cabaret les uns que les autres). Hoche est un véritable entertainer de music-hall, chanteur autant qu'acteur de commedia dell'arte, clown, danseur, saltimbanque. Si bien que sa présence lui permet une liberté absolue quant aux sujets abordés.

Débarrassé de toute contrainte chronologique, Hoche traverse sa carrière comme il combine les genres, utilisant un masque d'Arlequin dans une ambiance de polar ou une peau d'ours pour une tragi-comédie. Abordé avec autant d'autodérision, de finesse et de savoir-faire, l'exercice autobiographique offre des niveaux de lecture abordables pour tous, même si on n'identifie pas les voix de Jiri Kylian, Véronique Doisneau ou Daniel Larrieu dans les parties enregistrées.
Mais quand Hoche chante, c'est live et ça passe comme un grand jeté à l'Opéra. lundijeudi résonne telle une forêt de signes qu'on peut traverser pour s'y perdre à volonté et y vivre une aventure chorégraphique. Mais on peut aussi contempler le tableau d'ensemble, regarder cet énergumène comme la représentation d'une espèce humaine quelque peu égarée, comme un artiste en mutation permanente ou un danseur entre deux âges, ayant parcouru trente ans de danse française et se trouvant peut-être au début d'une nouvelle vocation.
« Je suis chorégraphe, pas interprète » dit-il, mais il affirme cela en se plaçant dans sa vie d'artiste  sur laquelle il revient. Dans celle qui pourrait ici commencer, il est un interprète hors pair, transdisciplinaire et transgenre. Une bête de scène, même en costume d'ours.
Thomas Hahn
lundijeudi
de et avec Lionel Hoche - création 2014, vue au festival Le Temps d'Aimer la Danse, Biarritz, Le Colisée

extraits/photos

distribution

Chorégraphie et interprétation : Lionel Hoche - Dramaturgie : Youness Anzane
Route sonore : Jérôme Tuncer - Lumière : Laurent Schneegans