présentation

Sauf riverains est une suite photographique pour corps citadins où les gestes et les postures sont, comme autant de lapsus corporels, des répliques somatiques que les corps libèrent contre leur propre éthos urbain. Une tactique inconsciente pour ré-affecter les membres épars d'une communauté désoeuvrée à un certain partage du sensible, à contre-pied de la désaffection rampante qui gagne les corps dans l'espace publicitaire de nos sociétés de consolation.

Un homme, dix hommes, un peuple tout entier pourrait bien se coucher par terre, il ne se passerait toujours rien. Sous surveillance, tout ce qui a déjà eu lieu se perpétue, et la ville dure, commémorative. Attentifs ensemble, à ce que nous pouvons faire, dire ou ne pas faire, dire. Pour votre confort et votre sécurité, ceci est notre corps que la foule aperçoit et contourne, considère, à distance ; oui bonjour bonsoir, on peut vous aider, quoi, et quel remuement intérieur avez-vous là ? et puis allez circulez bonne journée, empruntez les rues qui vous laisseront traverser.

C'est sûr, quelqu'un dans notre dos imite tous nos gestes. Avec le corps qu'on nous prête, nous ne saurions nous enfuir. Nous autres insistons, et partout ailleurs d'autres personnes persistent. Sans mobile apparent, notre station prolongée sur le trottoir devient suspecte. Nous, usagers, exerçons notre droit à disposer de nous-même, en long, en large, en travers, lançons des signaux de notre espèce, rumeurs de fortes perturbations dans le sens des départs : un caprice soudain, un faux pas, le genou fléchit et le corps en mauvaise posture, rase les murs, sous les feuillages ou face contre terre, cherche où disparaître : ici même, auprès du minuscule, du bref et de l'étendue. Sans nous soustraire aux regards, non moins qu'aux signes, cultivons notre hébétude, un oeil pour voir son oeil.

A l'heure du goudron liquide, nous irons nous mêler, circuler, suivant nos pensées, mais de plus en plus bas. Route barrée, par arrêté, sauf riverains. L'espace où on ne se cognerait plus, appelons-le central, un axe inférieur à regagner sans cesse sur le plan.

Mathieu Bouvier Sauf riverains est une suite photographique pour corps citadins où les gestes et les postures sont, comme autant de lapsus corporels, des répliques somatiques que les corps libèrent contre leur propre éthos urbain. Une tactique inconsciente pour ré-affecter les membres épars d'une communauté désoeuvrée à un certain partage du sensible, à contre-pied de la désaffection rampante qui gagne les corps dans l'espace publicitaire de nos sociétés de consolation.
Un homme, dix hommes, un peuple tout entier pourrait bien se coucher par terre, il ne se passerait toujours rien. Sous surveillance, tout ce qui a déjà eu lieu se perpétue, et la ville dure, commémorative. Attentifs ensemble, à ce que nous pouvons faire, dire ou ne pas faire, dire. Pour votre confort et votre sécurité, ceci est notre corps que la foule aperçoit et contourne, considère, à distance ; oui bonjour bonsoir, on peut vous aider, quoi, et quel remuement intérieur avez-vous là ? et puis allez circulez bonne journée, empruntez les rues qui vous laisseront traverser.
C'est sûr, quelqu'un dans notre dos imite tous nos gestes. Avec le corps qu'on nous prête, nous ne saurions nous enfuir. Nous autres insistons, et partout ailleurs d'autres personnes persistent. Sans mobile apparent, notre station prolongée sur le trottoir devient suspecte. Nous, usagers, exerçons notre droit à disposer de nous-même, en long, en large, en travers, lançons des signaux de notre espèce, rumeurs de fortes perturbations dans le sens des départs : un caprice soudain, un faux pas, le genou fléchit et le corps en mauvaise posture, rase les murs, sous les feuillages ou face contre terre, cherche où disparaître : ici même, auprès du minuscule, du bref et de l'étendue. Sans nous soustraire aux regards, non moins qu'aux signes, cultivons notre hébétude, un oeil pour voir son oeil.
A l'heure du goudron liquide, nous irons nous mêler, circuler, suivant nos pensées, mais de plus en plus bas. Route barrée, par arrêté, sauf riverains. L'espace où on ne se cognerait plus, appelons-le central, un axe inférieur à regagner sans cesse sur le plan.

Mathieu Bouvier

extraits/photos

distribution

Avec: Clotilde Amprimoz, Eve Couturier, Marielle Elis, Alexandra Gilbert, Laure Myers, Loren Palmer, Cyril Accorsi, Serge Adam, Matthieu Bajolet, Christian Bourigault, Marc Chan, Lionel Hoche, Philippe Lebhar, Lucas Manganelli, Shlomi Tuizer, José Valls, Adam Vidovic et les Nanterriens...