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Suite au "Crépuscule des Dieux", les artistes ont réintroduit très vite la part d'ombre et d'inconnu que le siècle des Lumières avait tenté de chasser du monde : c'est la naissance du genre Fantastique. Parce qu'il s'agit d'y convoquer les mêmes notions d'incertitude, d'ambivalence et de transgression du réel, « Entrelacs » est aussi l'occasion de tenter un alliage, une alchimie singulière : déplacer les codes et les ingrédients du Fantastique dans le champ chorégraphique...
..."Entrelacs" tente donc de faire un peu de lumière dans l'invisible...
...Nourrie de quelques principes actifs du fantastique, "Entrelacs" se placera donc sous le signe de l'ambivalence, de l'incertitude et de l'inquiétante étrangeté pour percer une trouée dans le réel, et faire remonter à la surface des corps leurs "lointains intérieurs"...

press

Le Nouvel Obs

De belles images surgies dans la pénombre et les grondements d'un orgue...
Raphael de Gubernatis - Octobre 2010

Sud Ouest

Entrelacs s'inscrit dans une esthétique fantastique plutôt classique, et disons le réussie, dans la droite ligne d'un "Dracula" de Murnau comme les films d'horreur des années 50 ou 60. Usant des clichés traditionnels, avec l'homme à cape et chapeau noirs, la dame blanche diaphane et éthérée, tout se déroule dans une ambiance de cimetière accentué par un orgue bourdonnant et oppressant.  Et est agrémenté de projections pseudo-holographiques et de personnages ectoplasmiques.  On est dans une pièce que ne manque ni d'humour ni de talent, et cultive une esthétique désuète pour explorer l'outremonde, ce qui fait peur et fascine.  Le tout est accompagné d'une bane son dans le ton, sombre et plutôt rock avec Bauhaus... mais aussi plus inquiétante avec Messiaen.  Laissons le temps à Lionel Hoche de nous emmener du côté obscur du monde, d'entrelacer le passé et le présent, la danse et le cinéma, en se promenant en funambule sur le fil de l'ironie et du beau.  C'est un vrai défi.
Céline Musseau - 13 sept 2010

ParisArt

Lionel Hoche convoque dans le grand studio du CND des figures incontournables du genre fantastique pour un bal des vampires singulier, rythmé par des chansons du fameux groupe rock gothique Bauhaus et des harmonies hypnotiques d'un orgue joué en live.
Le chorégraphe Lionel Hoche invite son public à s'immerger dans un univers tout particulier dont les codes sont largement connus et partagés. Il joue sur le plaisir de la reconnaissance, mais les évidences se montrent facétieuses et le terrain mouvant. Gare aux faux pas ! semble nous avertir le mannequin qui nous accueille, échoué sur le plateau, écrasé au terme d'un plongeon fatal.
Derrière la forme légère qui flirte avec le cabaret ésotérique, Lionel Hoche se lance un défi considérable. Il signe une pièce bâtarde à la croisée de plusieurs médias : musique, image et danse. Les références sont pleinement assumées et les ficelles abondement exposées dans le clair-obscur environnant. La force et la beauté de la proposition tiennent justement à sa sincérité et à sa justesse : la danse se niche dans la zone d'ombre que d'autres spectacles nous cachent soigneusement. Elle nourrit, donne de la substance et de la chair à des images volontairement trop prononcées à la mode fantastique. Elles renvoient au cinéma expressionniste ou encore aux clichés du professeur Charcot, qui signe dans la seconde moitié du XIXème siècle l'acte de naissance de l'hystérie dans la pathologie moderne. La dualité expressionniste semble devenir le principe même de la création. Le partage des matériaux sensibles est net entre la masse informe de corps masqués qui portent la danse et d'autres très exposés au contraire, qui appartiennent au règne du visible, de l'image, du cinéma (épouses du conte Dracula ou jumelles à la façon Shining), manipulés par ces premiers.
L'atmosphère, lourde et enfermée, se dissipe dans des ruses dignes du proto cinéma de Georges Méliès. Un rayon de lumière traverse le plateau. Aimantée à son tracé au sol, une jeune femme vêtue de blanc, s'avance comme sur un fil de rasoir, d'un pas somnambulique. Une prochaine victime sans doute. Son rythme, complètement ralenti, au bord de la catalepsie, contraste avec les mouvements accélérés des danseurs entièrement masqués. Ils parcourent le même tracé de lumière à reculons, telles les particules d'une matière indivise animée par des flux énergétiques. Il n'y aura pas de collision, il s'agit plutôt de couches superposées, d'ordres de sublimation distincts, de deux manières de vivre le temps concentrées d'un même trait.
L'effet est terrible, et entraîne la perturbation des sens, la perte des repères. Tout devient mouvant, le glissement dans le fantastique est effectif. Verticalité et horizontalité se confondent à en donner le vertige. Le saut dans le vide est imminent (et on pense à Vertigo d'Hitchcock). Des flashs dévoilent les déplacements des corps : la danse passe du côté obscur, occultée, insaisissable, dense. Les corps masqués grouillent, colportent la psychose, telles des forces sombres qui contrôlent le délire palpable d'un corps de femme totalement sous leur emprise.
Dans une pièce tiraillée entre le visuel et le sensible, le risque était réel que l'image fasse taire la danse. Lionel Hoche réussit cette création dans sa juste intuition d'une danse se donnant comme un liquide amniotique qui berce, chahute et nourrit ces images.
Smaranda Olcèse-Trifan - 4 mars 2010

La Terrasse

La nouvelle pièce de Lionel Hoche prend la parti d'un monde fantastique, un entre-deux confiné aux frontières du réel.
Cinq danseurs pour un monde à part, appuyé par des images vidéo et une musique tantôt planante, tantôt inquiétante...  Lionel Hoche a délibérément travaillé sur un univers très écrit, reprenant à son compte les codes du fantastique issus de la littérature comme du cinéma pour impacter l'imaginaire du spectateur. On y croise des êtres masqués, figures noires comme des ombres glaçantes, tout comme de jeunes femmes diaphanes.  Tous jouent sur les apparitions et les disparitions, venant d'un monde supérieur ou d'outre-tombe, sur l'aspect fantomatique ou jumeau des personnages.  La danse se fait caressante ou expressionniste, chargée de clins d'Å?il et de références qu'elle croise et décroise.
Nathalie Yokel - Février 2011

Danser

Les frontières tombent, les codes disparaissent pour laisser place à d'autres et nous donner à voir un monde où l'apesanteure et la vue sont différentes et différenciées.
Entrelacs, entre là, entre ici et là...
La scéno-chorégraphie de Lionel Hoche, avec ses cinq danseurs et un organiste nous plonge dans le doute sensoriel et sensuel, l'ajout d'une création vidéo vient créer une mise en abîme de la pièce et de l'espace même où nous nous trouvons.
Dès le début du spectacle, nous sommes envahis par le noir lumineux et le noir des sens. Deux danseuses traversent la scène sur une diagonale ouverte vers le futur, d'autres les suivent à rebours, ce qui crée immédiatement une étrange impression qui brouille notre monde de pensées habituelles.
La transposition des codes et des figures, du fantastique au champ chorégraphique, nous porte et nous transporte dans une alchimie singulière, nous faisant tour à tour rêver, douter de nous-même et de ce que l'on perçoit.
Des images d'enfance ressurgissent du plus profond de notre mémoire avec un léger sourire du coin des lèvres...
Entrelacs de Lionel Hoche est un billet pour l'au-delà, c'est à dire l'eau de là-bas au loin et l'eau de notre plus profond "moi".
Les spectres de notre histoire nous transportent vers leur compréhension et notre propre dualité.
Yohann Grandsire

Le Nouvel Obs

Entrelacs, le fantastique vu par Lionel Hoche
Grondements d'orgue, obscurité dramatique, silhouettes noires et anonymes, figures spectrales, blanches jeunes filles en robe vaporeuse, squelettes d'arbres torturés...  Pour créer Entrelacs, Lionel Hoche a largement puisé dans le répertoire fantastique, dans ce néo-romantisme de la fin du XIXème siècle ou le début du XXème, celui qui impressionne dans le "Fantôme de l'Opéra" ou dans l'antre du sous-marin du Capitaine Némo de "Vingt mille lieux sous les mers". Pour cadre  idéal et terrifiant, le chorégraphe aurait pu aussi bien choisir l'étrangeté sinistre du château d'Ilbarritz, tout proche de Biarritz, avec son impressionnante salle de musique haute de plusieurs étages où le propriétaire, au clavier de son orgue monumental aimait jadis à jouer Wagner et à faire mugir son instrument sur fonds d'éléments déchainés, alors que les formidables tempêtes, au-dehors ravageaient la Côte Basque.  Tout Entrelacs se veut d'un onirisme échevelé...
Raphael de Gubernatis - Septembre 2010

extracts/photos

cast

Choreography/Decor : Lionel Hoche - Advice : Mathieu Bouvier
Video : Thierry Fournier - Light: Laurent Schneegans
Dancers : Céline de Byser, Vincianne Gombrowicz, Laurianne Madeleine, Quentin Baguet, Romain Cappello, Cyril Geeroms and Lionel Hoche.
Organ : Adam Vidovic
Music : Bauhaus, Michael Levinas, Maurice Duruflé, Olivier Messiaen, Arvo Pärt.